Dialogue
Pourquoi la Cité de la musique est-elle nécessaire?
La Haute école de musique de Genève souffre actuellement d’un grave problème de locaux. Ses lieux d’enseignement sont disséminés sur sept sites dans Genève et ne sont, pour la plupart, peu ou pas adaptés pour l’exercice de la musique. De plus, la salle genevoise historique dédiée à la musique symphonique, le Victoria Hall, ne répond plus aux besoins des orchestres d’aujourd’hui en termes d’infrastructures et d’acoustique. Elle nécessiterait une rénovation en profondeur, rendue impossible du fait de sa conception, de son emplacement et du bâtiment qui est protégé. La scène est trop petite et les coulisses ne sont pas adaptés et n’offrent pas suffisamment de salles de répétition ni de loges.
La Cité de la musique offrira une réponse à ces besoins impératifs en regroupant les infrastructures nécessaires à l’orchestre en résidence et à l’école professionnelle. Les besoins réels des deux institutions vont toutefois permettre de créer de formidables synergies qui favoriseront l’échange, le partage, l’émulation, entre les musiciens professionnels d’aujourd’hui et ceux de demain. Pour l’OSR, ce sera également la possibilité d’élargir son répertoire et de toucher de nouveaux publics.
L’ouverture de ce lieu est l’occasion unique de mélanger les genres musicaux et les formes artistiques au bénéfice d’un large public. La Cité de la musique ne sera pas juste un lieu mais deviendra ainsi un acteur culturel et programmera de nouvelles activités pour un large public. Un cinquantaine d’institutions musicales concernées soutiennent le projet!
Pourquoi le choix de ce lieu?
La Fondation pour la Cité de la musique a consacré deux longues années à rechercher systématiquement, avec l’aide d’un bureau d’architectes et des autorités, un lieu adéquat où implanter le projet en Ville de Genève.
Les 18 sites étudiés sont tous apparus inappropriés: le terrain était situé en zone inconstructible ; il comportait des impossibilités en termes de protection des sites ; son emplacement était techniquement, politiquement ou juridiquement inadéquat ; ou bien la maîtrise foncière ne pouvait pas être obtenue. En particulier l’ancien emplacement de l’Opéra des Nations est en zone inconstructible et l’Etat entend l’y maintenir en l’affectant à un parc public.
Cinq emplacements ont notamment été étudiés dans le périmètre du PAV .Il est rapidement apparu que les privés qui en ont la maîtrise foncière n’étaient pas disposés à y renoncer et le programme ne peut pas être construit dans ce périmètre limité.
Le terrain des Feuillantines au nord de la Place des Nations, signalé par le Service de l’Urbanisme de la Ville de Genève et propriété des Nations Unies, constitue la seule parcelle adéquate et suffisamment grande pour accueillir le projet, dont le propriétaire accepte de céder la maîtrise.
Cette parcelle a l’avantage de permettre aussi la création d’un parc public attenant tout en garantissant un accès facile par toutes les mobilités.
Comment intégrer toutes les musiques et tous les acteurs locaux?
La Cité de la musique a pour objectif de faire connaître et évoluer la musique dite classique et de lui faire rencontrer d’autres genres musicaux et artistiques. Par ce biais des publics différents se côtoieront au sein de la Cité, en faisant un lieu ouvert et populaire, loin de l’image élitiste que l’on pourrait prêter au projet.
La Cité de la musique sera largement ouverte à des acteurs musicaux et culturels autres que les musiciens de l’OSR et les étudiants de la HEM. Une esquisse de projet artistique et culturel a été élaboré en ce sens. Il doit encore évoluer dans le cadre des rencontres entre les intervenants de la Cité de la musique et les acteurs musicaux locaux, professionnels et amateurs. Un comité consultatif a notamment été mis en place pour que cette ouverture du classique vers les musiques de création, les musiques actuelles et contemporaines, les musiques du monde soit concrète, à travers la réalisation d’une programmation et d’activités transversales concertées.
Il reste environ cinq ans avant l’ouverture espérée de la Cité de la musique. Ce temps doit être mis à profit pour améliorer le projet, en dialoguant avec tous les milieux musicaux et culturels ainsi que les pouvoirs publics.
Comment la Cité va-t-elle être ouverte à toutes et tous?
La Cité de la musique souhaite contribuer à démocratiser l’accès de toutes et tous à la musique. Il s’agit en particulier de permettre à tous les habitants du canton et des alentours de pouvoir assister à toute une série de concerts et manifestations gratuites ou à des prix abordables. Les salles publiques, en particulier le Grand Studio, la blackbox, mais également la cafétéria , la bibliothèque, l’espace d’exposition, les auditoires et le parc public accueilleront des productions d’artistes extérieurs à des conditions économiques avantageuses. De larges programmes pédagogiques pour les écoles de tous les niveaux, pour les adultes, pour les aînés, pour les publics empêchés seront mis en place. Autant d’initiatives auxquels, s’ils le souhaitent les acteurs musicaux locaux, professionnels ou amateurs, seront associés.
La Cité de la musique sera également un lieu de vie pour les habitants du quartier qui viendront déjeuner à la cafétéria, au restaurant ou déambuler librement dans le parc. La promenade de la Paix traversera le Parc et un accès sera créé afin de rejoindre l’avenue de la Paix depuis la route de Ferney.
Comment le nouveau parc s'intègre-t'il?
La Cité de la musique sera bordée d’un splendide parc public de plus d’un hectare ouvert à toutes et à tous, dont l’aménagement fait partie intégrante du concours d’architecture : un lieu de promenade (relié à la Promenade de la Paix) largement boisé, avec 2 biotopes et respectueux de l’environnement.
Cet espace naturel existe déjà mais il est actuellement privé, juridiquement fermé au public et non entretenu. La Cité de la musique permettra son ouverture, son entretien, sa valorisation et son accessibilité à toutes et à tous.
La parcelle compte 270 arbres ; 140 peuvent être préservés et pour les besoins de la construction, 130 arbres de plus petits diamètres ne pourront être conservés; il sont essentiellement concentrés sur les haies de séparation des terrains et sur la zone constructible de la parcelle. Les arbres majeurs, à l’exception d’un individu, la ligne de chênes centenaires et la forêt sont conservés (illustration détaillée disponible ici). Un programme ambitieux de plantation est prévu avec un total d’au moins 260 arbres, dont 70 sur la parcelle; les autres arbres seront plantés dans un périmètre de 800m autour du site.
Le choix des essences et l’aménagement du parc se feront en collaboration avec la Ville et le Canton de Genève et avec les conseils avisés d’associations comme Pro Natura afin de préserver la biodiversité du lieu.
Qui paye et combien ça coûte?
Afin de ne pas grever le budget de la Ville de Genève, il a été convenu qu’aucune aide publique ne serait solliciter ni pour la construction ni pour l’exploitation de la Cité.
Le bâtiment et l’aménagement du parc de la Cité de la musique seront ainsi financés dans leur totalité, soit près de 300 millions, par des fonds privés essentiellement et une contributions de la Confédération pour la partie du bâtiment dédiée à la HEM, le tout offert à la collectivité dans le cadre d’une politique publique.
Avec le seul regroupement des 2 résidents OSR et HEM, les coûts de fonctionnement sont en l’état couverts par leurs budgets respectifs (subventions existantes) et la location des salles et espaces publics. Les contribuables genevois n’auront donc pas à financer des coûts d’exploitation supplémentaires.
Une éventuelle subvention cantonale permettrait d’élargir la programmation de la Cité, en dehors des activités de l’OSR et de la HEM, à d’autres acteurs locaux, à d’autres musiques et disciplines artistiques et à de nouveaux projets pédagogiques. La Ville de Genève ne sera en aucun cas responsable du budget de fonctionnement; elle aura pour seule charge l’entretien du parc public.
Oui, il manque des salles à Genève!
Actuellement, le Victoria Hall, salle prévue initialement pour l’harmonie nautique, peine à accueillir l’OSR et d’autres orchestres en pleine capacité. Une nouvelle salle philharmonique de 1’580 places donnera lieu à de nouvelles expériences musicales pour le public, davantage de convivialité et de partage mais permettra également un accueil adapté des publics empêchés.
La Ville manque par ailleurs cruellement de salles de répétition et les étudiants de la HEM en font l’expérience chaque jour.
La Cité de la musique accueillera également deux salles de 142 à 390 places, proposant des technologies de pointe et des équipements innovants pour inscrire Genève à l’avant garde de la recherche musicale : enregistrement, diffusion vidéo, streaming, blackbox pour la musique expérimentale… Ces petites salles indispensables aux étudiants de la HEM seront aussi utiles à l’Orchestre de la Suisse Romande et à d’autres formations musicales locales tant pour leurs représentations que pour des activités de création et d’activités pédagogiques.
Que devient le Victoria Hall?
Le Victoria Hall et la Cité de la musique seront deux infrastructures complémentaires qui coexisteront harmonieusement à Genève.
Les concerts donnés aujourd’hui au Victoria Hall par l’Orchestre de la Suisse Romande, par la Haute école de musique et par certaines grandes formations étrangères ne représentent qu’environ 40 à 50% de l’occupation actuelle de la salle.
Le Victoria Hall continuera de jouer un rôle prépondérant à Genève, ce d’autant qu’actuellement, à certaines périodes, toutes les demandes d’utilisation de la salle ne peuvent pas être satisfaites. Certains orchestres locaux qui aujourd’hui n’y trouvent pas de place pourront y être accueillis ponctuellement ou en résidence. De plus, la palette musicale offerte dans la salle pourrait avantageusement être ouverte à d’autres styles musicaux.
Pourquoi la Villa Les Feuillantines n'est-elle pas classée?
La Villa Les Feuillantines est une maison de maître édifiée dans les années 1870 par l’architecte Gustave Brocher près de la place des Nations.
La construction de la Cité de la musique nécessitant sa démolition, la villa a été soumise à des expertises ainsi qu’à une étude (disponible ici) pour évaluer sa valeur culturelle et patrimoniale.
Cette étude, conduite par l’Office du Patrimoine et des sites, n’a pas confirmé un intérêt prépondérant de la villa qui nécessiterait de la conserver.
La Villa ainsi que le terrain sont propriété de l’ONU; un droit de superficie a été accordé à la Fondation pour la Cité de la musique avec le seul but d’y construire ledit projet et non pour préserver la villa et son jardin. Si la Cité de la musique ne se fait pas, la Villa Les Feuillantines retournera dans le giron de son propriétaire et pourra être démolie au profit d’un autre projet immobilier.